Résumé des épisodes précédents : Quelques hommes trainent devant la gare. Anna vient d’arriver sur le parvis, elle s’approche d’eux.
Intrigué par elle et commençant à m’ennuyer sur mon banc, je me levais et partis les rejoindre. La jeune gonzesse ne sembla même pas remarquer mon arrivée tant elle était plongée dans sa négociation.
– Je t’en donnerais pas plus de cinq cent francs. D’accord la photo est pas nette, ça peut facilement être utilisé, mais moi ce n’est pas ce que je fais d’habitude, donc la refourguer, ça risque d’être compliqué pour moi.
− Non, il me suffit de trouver quelqu’un qui s’y connaît ça partira pour beaucoup plus, répondit-elle.
− Moi, je connais, dis-je, sachant pertinemment que Stef m’en voudrait. Tu la fais à combien ?
− Normalement huit cents, mais à sept cents, ça va ?
− Sept cents, c’est trop !
− C’est beaucoup moins que ce que je la vendrais près de chez moi.
− C’est où, près de chez toi. Lança de loin un mec qui se mêlait souvent des histoires sans jamais rien faire par lui-même.
Je voulais lui montrer qu’il n’avait rien à dire, là-dessus et sur d’autres choses en cours donc je la prenais à sept cent.
− Aller miss c’est reglé. Dis-je en examinant consciencieusement la carte. Tu vends souvent des cartes ?
− Ça dépend. Me répondit-elle, visiblement choqué que je m’immisce ainsi.
− Ok, tu as faim ? Je n’ai pas mangé à midi, je vais chez le vendeur de sandwich là-bas, tu viens avec moi, on va régler tout ça.
− Ok.
Nous nous dirigeâmes alors vers la sandwicherie qui servait de QG pour tous les deals.

Cette fille m’intriguait. Elle était un peu belle, ne paraissait pas vraiment bête, je me demandais ce qu’elle faisait là.
Cette fille m’intriguait. Elle était un peu belle, ne paraissait pas vraiment bête, je me demandais ce qu’elle faisait là. Mais surtout, comment en était-elle arrivée à vendre des cartes d’identité. Je ne savais pas non plus comment elle se les procurait, si c’était des fausses ou des volées. Elle devait travailler pour quelqu’un. Peut-être un mec qui ne voulait ou ne pouvait plus mettre les pieds ici. Une fille toute seule comme ça qui sort de nulle part c’était plutôt bizarre. J’allais la jouer fine pour le savoir, étant donné sa réticence de tout à l’heure sur mes questions personnelles
− Tu es de passage ici ? Je ne me rappelle pas t’avoir déjà vue. Pourtant le quartier je le connais.
− Oui, je suis de Paris mais je dois descendre dans le sud, vers Biarritz, et j’ai des gens à voir en chemin.
− Pour leur voler leurs papiers… Je riais.
J’y allais un peu fort mais au moins la réaction serait visible. Elle me scruta cherchant si je plaisantais. Son regard était devenu méfiant, elle n’appréciait visiblement pas, à tel point qu’elle eut un moment de recul. Contente ou pas elle avait sa carte à vendre.
− Tu en as d’autres ?
− Non pas sur moi.
− C’est quelqu’un qui les as ?
− Non.
Je m’énervais intérieurement, je venais de faire la seule connerie à ne pas faire, faire une proposition et poser des questions au moment ou je viens de lui paraître antipathique. La meilleure solution pour qu’elle réponde non. Cela dit, elle avait laissé une brèche ouverte, en précisant, « pas sur moi », tout n’était pas perdu. Elle avait probablement un réel besoin de me la vendre et peut-être que je pourrais même avoir les autres.
− Et si je te prends celle-là aujourd’hui et qu’on se revoie demain pour d’autres tu me la fais à cinq cents ? Tarif de gros, quoi.