Résumé des épisodes précédents : Anna a revendu des papiers d’identité sur le parvis de la gare. Elle a évité de se faire arnaquer et repart en train vers une autre destination.
Ce petit paquet de fric allait me permettre de tenir un petit moment. J’étais heureusement repassée à mon appartement avant de partir définitivement et avait pris le peu de fric qu’il me restait : quelques centaines de francs qui s’ajoutaient aux cinq cents balles de la carte. J’avais tout quitté du jour au lendemain, de peur mais pas seulement. Je me sentais suivie. Avant de tout quitter, je trafiquais quelques centaines de grammes de haschich par semaine. Puis au bout de quelques années, était venu le temps de l’angoisse. Celle de se faire sauter à terme.

J’avais tout quitté du jour au lendemain, de peur mais pas seulement. Je me sentais suivie.
Puis, était venu le temps des filatures par quelques flics en civil bien reconnaissables. Puis, était venu le temps du départ, me mettre au vert pour tenter d’échapper à la justice des hommes. Alors j’étais partie avec quelques affaires sur les routes, espérant dans un autre ailleurs me reconstruire une vie de zéro. Trouver de quoi m’installer, travailler et reprendre pieds. Tout recommencer et surtout sortir de cette illégalité qui finalement m’avait rendue paranoïaque.
J’allais pouvoir tenir quelques jours comme ça avec ces 1000 francs. Il s’agissait d’être pragmatique et logique et de ne pas jeter l’argent par les fenêtres. Déjà je continuerais à dormir dehors et je ne dépenserais que pour manger. J’avais comme idée de dormir dans les trains de nuit et de voir plus tard pour les dettes à la SNCF. J’avais donc déjà le logis assuré avec quelques escales dans certaines villes histoire quand même d’y tenter ma chance. J’allais reprendre le dessus, me sentir loin de Paris, m’avait
redonner un second souffle. Je sentais en moi toute la force nécessaire à un nouveau départ, à la construction d’une nouvelle vie dans un ailleurs qui deviendrait un ici dans un proche avenir.
Ce soir, je partais. Dans une autre ville, distante d’une centaine de kilomètres dans laquelle je me trouverais probablement un hôtel pour la nuit. Le voyage se passa sans encombres, j’eu même la chance de ne pas avoir à donner mes papiers d’identité pour « non présentation de titre de transport » puisque lorsque les contrôleurs étaient passé dans mon wagon, je dormais et personne ne m’avais réveillée. Ou bien n’étaient-ils pas passés….
Probablement ne la saurais je jamais mais finalement peu importait, sauf à vouloir savoir si la chance était réellement avec moi… Notre train arriva en gare, je descendais.