Président de Finansol,
Label de la finance solidaire
Quelles différences entre la finance solidaire et l’investissement socialement responsable ?
La finance solidaire est un concept plus ancien que celui de finance responsable. Elle se caractérise par sa finalité principale : soutenir des projets à forte utilité sociale et environnementale. La préoccupation de rentabilité financière est au second plan. Pour la différencier de d’autres formes de finances, il y a des labels de référence, la plupart regroupés par Finansol. La finance responsable est une notion plus récente et regroupe toute la finance gérée selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Les placements financiers sont choisis en fonction de ces trois critères, c’est-à-dire que nous ne finançons pas n’importe quoi, il y a une sélection. Mais le champs d’application est beaucoup plus large : si du côté de la finance solidaire, l’accent est mis sur les entreprises solidaires non cotées, à l’inverse l’investissement socialement responsable finance généralement ds entreprises à but lucratif.
Quels sont les ponts entre ces deux types de finance ?
La finance, qu’elle soit solidaire ou responsable, pourchasse ce qui est purement spéculatif. Un facteur commun est l’application du principe de transparence : l’épargnant ou l’investisseur veut savoir ce qu’il y a dans les produits financiers qu’il souscrit et vérifier que son argent sert bien à ce qui était prévu. De plus, plusieurs produits de la finance solidaire sont en lien direct avec l’investissement socialement responsable. Par exemple, dans certains fonds mixtes présents dans l’épargne salariale, il y a 5 à 10% d’épargne solidaire et 90% de produits financiers côtés. Dans la partie solidaire, il y a bien sûr des conditions vérifiées pour obtenir notre label, et dans les 90% restant, nous demandons une gestion socialement responsable. Le candidat aura donc de la finance solidaire et responsable dans le même produit.
Comment percevez-vous l’attrait pour les Français de la finance solidaire et responsable ?
La finance solidaire s’est implantée progressivement depuis 30 ans. D’après nos enquêtes, environ un Français sur deux comprend ce qu’est la finance solidaire. Toutefois, les produits solidaires représentent une toute petite part du chiffre d’affaire des banques et des assurances, ce qui signifie qu’ils ne sont pas vendus spontanément. Ce qui est favorable, aussi bien à la finance solidaire que responsable, c’est qu’il y a dans l’opinion public depuis la crise financière de 2008, un défi croissant vis-à-vis de la finance spéculative. Les Français ont une sympathie instinctive pour la finance au service de l’économie réelle, des projets collectifs et de l’utilité sociale. Après, pour s’y retrouver, la finance solidaire a ses labels, mais les citoyens peuvent vite se perdre entre la finance responsable, la finance éthique, la finance à impact… Tout n’est pas encore clairement défini, mais participe à une réorientation de la finance.
Propos recueillis par Juliette Loiseau