3 questions à… Eva Sadoun,
Co-fondatrice de la plateforme LITA.co 

Quel impact la réforme de l’ISF a-t-elle sur LITA.co ?

Sur notre plateforme de financement participatif responsable et solidaire, l’ISF représentait l’an dernier 45% de la collecte, soit 2,5 millions d’euros. Avec la défiscalisation, les investisseurs ISF pouvaient payer 50% de leur dette à l’Etat en investissant par notre intermédiaire dans l’économie sociale. Mais cette année, seuls 5% des investisseurs ISF ont réinvesti et le ticket moyen d’investissement a diminué de moitié, passant de 3.000€ à 1.500€. Nous avons heureusement pu compenser cette diminution en attirant d’autres investisseurs.

Comment avez-vous dû repositionner votre stratégie ?

Avec notamment un gros effort de communication pour sensibiliser plus d’épargnants à l’investissement solidaire. Nous lancerons par exemple en septembre une nouvelle plateforme, plus intuitive pour le grand public. Nous préparons aussi de nouveaux produits, pour permettre d’investir non seulement en capital mais aussi en obligations vertes, ou encore en produits d’assurance-vie fléchés vers des entreprises à impact social. Enfin, nous allons créer nos propres produits de garantie pour sécuriser l’investissement des particuliers, ce qui n’existe pas dans le financement participatif alors que les fonds d’investissement bénéficient, eux, d’une garantie de la BPI.

Vous dialoguez avec les investisseurs, quels sont leurs arguments ?

Ils disent qu’ils manquent de visibilité sur la réforme fiscale, qu’ils évaluent mal leurs liquidités à court terme, que l’incitation fiscale est à présent trop faible, qu’investir dans une PME n’est plus intéressant, que l’assurance-vie offre au moins une sécurité à terme… Ceux qui continuent aujourd’hui à soutenir les PME de l’entrepreneuriat social sont dans une logique d’investissement, pas dans une logique de défiscalisation.