Au cœur des enjeux sociaux et économiques de la Seine-Saint-Denis, une lueur d’espoir. Pour aider les ménages les plus précaires à se nourrir, le gouvernement a mis en place le plan « Mieux manger pour tous », qui prévoit notamment la distribution par les collectivités de chèques alimentaires en partie financés par l’État. Pour l’heure, le gouvernement semble toutefois avoir laissé cette question en suspens. Mais la Seine-Saint-Denis s’apprête néanmoins à expérimenter le dispositif. Dès 2024, un chèque alimentaire de 50 euros verra le jour. Un soutien crucial pour de nombreuses familles.
Stéphane Troussel, président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, l’explique : « Face à une succession de crises, la question alimentaire a acquis une nouvelle dimension et pourrait devenir une bombe sociale à retardement. Parmi les files d’attente pour les aides alimentaires, de nouveaux visages apparaissent : étudiants, travailleurs précaires, familles luttant pour joindre les deux bouts ». « Et ce n’est pas une préoccupation limitée à une poignée de personnes », ajoute Stéphane Troussel.
Des demandeurs de plus en plus nombreux
Le ralentissement de l’inflation, bonne nouvelle du moment, ne signifie pas pour autant que les prix vont baisser, ni retrouver leur niveau d’il y a 18 mois. Le chèque alimentaire, spécifiquement destinées aux résidents de la Seine-Saint-Denis, est donc une excellente nouvelle pour 2024 dans ce département qui héberge une proportion significative de personnes en difficulté. Face à la flambée des coûts énergétiques et des loyers, ces individus sont frappés de plein fouet, leur accès à une alimentation adéquate devenant une préoccupation urgente.
Ainsi, pendant six mois, 1.000 personnes seront bénéficiaires de ce chèque de 50 euros par mois, accompagné d’une prime pour les achats responsables. Stéphane Troussel souligne que ce soutien nutritionnel sera accompagné de sessions de sensibilisation à la nutrition, à la qualité des aliments et à la préparation des repas, à destination des ménages en grande précarité, des étudiants, ainsi que des femmes enceintes ou avec de jeunes enfants. « Nous soumettrons notre candidature à l’État dans le cadre de l’appel à projets ‘Mieux manger pour tous’, avec une mise en œuvre prévue au premier semestre 2024 ».
Vers une Sécurité sociale de l’alimentation
La distribution de ces chèques sera orchestrée par les services départementaux, qui identifieront les 1.000 bénéficiaires de ce dispositif durant six mois. Au-delà de cette initiative, l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation émerge. Stéphane Troussel considère que « ce chèque alimentaire durable pourrait être le point de départ vers une sécurité sociale de l’alimentation, un concept récemment présenté par un collectif de chercheurs agronomes, d’agriculteurs et d’associations. Il s’agirait de créer une sixième branche de la sécurité sociale, une transformation institutionnelle et économique profonde, pour instaurer une aide universelle. »
Concrètement, le président du Conseil Départemental affirme qu’il serait envisageable d’allouer chaque mois une somme par personne, directement accessible via la carte vitale, pour les achats alimentaires. Une caisse gérée de manière démocratique serait alimentée par des cotisations. Cette démarche faciliterait également la collaboration avec l’industrie alimentaire, établissant des partenariats avec les agriculteurs pour promouvoir la consommation responsable et locale, tout en garantissant des revenus décents pour les producteurs. Un pas audacieux de la Seine-Saint-Denis, qui pourrait bien être le prélude d’un changement majeur dans notre façon d’aborder la sécurité alimentaire.