Savez-vous réciter les jours de la semaine en anglais ? Black Friday, Cyber Monday, Giving Tuesday… Surprenant, n’est-ce-pas ? Récapitulons : vendredi dernier, c’était le grand jour des rabais, parfois -70% dans bien des magasins français… à l’occasion de Thanksgiving, si, si. Hier, rebelote, mais uniquement sur les sites internet de nos cyber marchands, qui jouent les prolongations. Enfin, ce mardi, c’est jour de générosité ! C’est le jour où l’on « give ». Histoire d’affirmer sa différence, son esprit de rébellion face à la surconsommation. Ou juste de se donner bonne conscience, après avoir fait tous ses achats de Noël en deux jours.
Voilà qui donne à réfléchir. Pour commencer, et si l’on arrêtait de parler américain ? N’en déplaise à la Tech for good que l’on adore, ou aux start-ups de l’ESS qui nous pitchent leur business model chaque semaine, il faudrait quand même davantage parler le français en France, vous ne trouvez pas ? Deuxième interrogation : à quoi servent encore les soldes encadrés par l’État, puisque les commerçants s’autorisent des « soldes-avant-les-soldes », pour encaisser tout de suite ce qu’ils auraient pu nous vendre demain ? Enfin, troisième question : quelle est la véritable valeur des produits, quand un commerçant peut offrir 70% de rabais sans même vendre à perte ?
Bien sûr, les rabais sont bienvenus et essentiels aux petits revenus. Mais nous ne parlons pas ici d’un Black Friday altruiste, loin de là. Voilà pourquoi Emmaüs, Altermundi, la Fédération Envie, Dreamact ou Zéro Waste sont entrés en résistance en décrétant un Green Friday. Dans le même temps, la carte Ethi’kdo, écologique et solidaire, vient de faire une percée remarquée sur le marché de la carte cadeau. Chez les entreprises à mission, La Camif a même fermé son site de vente en ligne ce week-end. Enfin l’entreprise sociale microDON se fait une nouvelle fois ambassadrice de la générosité en France, avec la deuxième édition de son HackaDon, lancée aujourd’hui même. N’en jetez plus !
Alors, faisons un vœu. En 2020, nous voulons plus de transparence sur la qualité des produits, sur leur provenance mondialisée, sur la valeur de la marque dans le prix de vente final. En 2020, nous voulons n’acheter que les produits dont nous avons besoin, pas ceux dont la publicité nous donne faussement envie. En 2020, nous demandons que les fabricants ne produisent que les objets qu’ils vont vraiment nous vendre, pas ceux qui gaspillent les ressources naturelles avant de finir à la poubelle – oups, pardon, dans les filières de recyclage. En 2020, nous ne voulons plus de soldes forcenées. Nous voulons retrouver le juste prix des choses. Le sens du mot cadeau. Et le plaisir d’offrir.