3 questions à Yves Bertran
Directeur général du label Fairmined
Les bijoux en or éthique sont-ils plus chers que les autres ?
L’or éthique est 10 à 20% plus cher, en raison du surcoût qui s’impose à chaque intermédiaire de la chaîne : cet or doit être traité de façon à garantir sa traçabilité et permettre à chacun de connaître sa provenance. Il y a 200 revendeurs d’or licenciés Fairmined dans le monde, tous nous demandent d’où vient leur or et quelle est son histoire. L’an dernier, nous avons organisé un voyage en Colombie, durant lequel des bijoutiers sont venus visiter les mines. Ils ont vu de leurs propres yeux comment est extraite la matière première. En sens inverse, certains mineurs sont venus à Paris. Nous les invitons à des évènement publics, à des salons ou à des visites de bijouteries licenciées Fairemined, comme « Paulette à Bicyclette » qui a été notre première bijouterie licenciée en France. Notre association à but non lucratif essaie de développer au maximum cette coopération et d’établir des connexions entre bijoutiers et mineurs.
Quel est le poids du label Fairmined sur le marché mondial de l’or ?
L’or éthique ne pèse pas encore grand chose : en 4 ans d’activité, 650 kg d’or éthique ont été commercialisés et 10 mines ont été labellisées à travers le monde. C’est peu, mais cela a permis de rapporter plus de 2,5 millions de dollars en primes de développement aux mineurs, soit entre 2.200$ et 4.000$ par kilo d’or vendu. C’est donc très fort en terme d’impact local, puisque cet argent va à l’amélioration de l’exploitation, ou à la commune qui peut ainsi financer des infrastructures publiques. De plus, notre label permet aux mineurs de vendre directement leur or sur le marché mondial, sans intermédiaire et à un prix proche du cours mondial. Le plus compliqué pour les mines reste d’obtenir le label. C’est un exercice couteux puisque les mineurs doivent payer eux-même leur audit. Mais certains programmes nationaux, ainsi que notre label, peuvent prêter la somme d’argent nécessaire.
Comment une mine d’or devient-elle éthique ?
Il y a 3 exigences standard pour devenir une mine éthique : être en conformité avec les lois du pays, c’est à dire payer ses taxes, être transparent sur les conditions de travail et sur les contrats des employés… Ensuite, respecter des impératifs écologiques, notamment sur le contrôle des émissions nocives, la gestion de l’eau et du couvert végétal, mais aussi la manipulation des produits chimiques. Enfin, le respect des droits humains doit être strictement observé : le travail des enfants est interdit, les sociétés s’engagent au respect de l’égalité homme-femme et à la non discrimination. Enfin elles ne doivent pas non plus financer les conflits armés, selon les principes de l’OCDE sur le devoir de vigilance des organisations.
Propos recueillis par Hélène Corbie