Évènement majeur pour l’économie sociale et solidaire, le Congrès de l’ESS se tiendra les 12 et 13 juin prochains à Paris, au centre international de conférence de l’Université de Jussieu. L’intitulé de la manifestation a tout d’un symbole : l’affiche mentionne « Le Congrès des 10 ans de la Loi ESS ». C’est à l’été 2014, en effet, qu’était votée la Loi ESS alors portée par Benoît Hamon.
Une loi qui sert aujourd’hui de socle commun aux entités de l’économie sociale et solidaire : ils y puisent de quoi défendre leurs principes, leurs valeurs et leur vision du monde, en tant que modèle économique alternatif au capitalisme libéral qui détruit les liens sociaux et la biodiversité. Date anniversaire donc. Et bien des perspectives en vue.
Mieux, l’ouverture du « Congrès des 10 ans » coïncidera avec le premier jour de mandat du prochain président d’ESS France, dont l’élection est en cours. Rare exercice de démocratie interne chez ESS France, puisque c’est la première fois que plusieurs candidats briguent la présidence. Entre Stéphane Junique, Damien Baldin et Benoît Hamon, le conseil d’administration d’ESS France se prononcera le 10 avril prochain.
Au conseil, siègent les cinq familles de l’ESS ainsi que les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire. Les dernières auditions ont lieu aujourd’hui. Désormais, s’ouvre le temps de la réflexion des administrateurs, autour du projet de trois hommes.
Trois candidats à la tête d’ESS France
Le projet de Damien Baldin, directeur général de la Fondation la France s’Engage, qu’avait créée François Hollande pour soutenir l’innovation sociale. Il est le premier candidat à s’être déclaré et il est issu du milieu des fondations. Mais il se positionne d’emblée comme rassembleur. Il se déclare pour l’ouverture, l’autonomie et la défense d’une culture de l’ESS. Il défendra ses financements. Et il annonce à Mediatico qu’il proposera sans délai, à la tête d’ESS France, une présidence bicéphale paritaire femme-homme (interview vidéo à venir la semaine prochaine).
Le projet de Stéphane Junique, président du groupe mutualiste VYV et vice-président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF). C’est le second candidat à s’être manifesté. Il est issu du monde mutualiste, tout comme Pascal Demurger, directeur général de la Maif et co-président d’Impact France, et à ce titre membre du conseil d’administration d’ESS France. Stéphane Junique déclare à Mediatico qu’il défendra une loi de programmation budgétaire pour l’ESS, l’émergence de nouveaux visages – notamment féminins – dans l’ESS et qu’il veut structurer ESS France « autour d’un Parlement des acteurs de l’ESS » (voir notre interview vidéo)
Le projet de Benoît Hamon enfin, auréolé d’avoir porté la loi de 2014… mais très marqué politiquement, ce qui pourrait le desservir. Actuel directeur général de l’ONG Singa Global qui aide et défend les migrants, il s’est déclaré in extremis, le jour de la clôture des candidatures pour ESS France. Issu du monde associatif, il critiquait fortement la semaine dernière, dans une tribune au Monde, le nouveau plan d’économies budgétaires du gouvernement, tout en faisant l’éloge de l’ESS comme porteuse de solutions dans le secteur des soins à la personne, du handicap, des crèches ou des maisons de retraite. Il n’a pas encore répondu à notre demande d’interview vidéo.
Trois candidats, certes, qui ont un point commun : aucun n’entend tracer seul la route de l’ESS pour les 10 ans qui viennent. Tous s’inscrivent dans une démarche collective et rassembleuse. Ils veulent tourner la page des divisions du passé. Ils déclarent vouloir beaucoup écouter, pour co-construire et avancer ensemble. L’ESS ne saurait faire autrement : elle doit incarner ses valeurs par ses propre actions. C’est le principe de l’exemplarité.
Participez à l’Imagin’Ère de l’ESS !
Voilà qui fait écho au dernier projet collectif du président sortant, Jérôme Saddier. Président du Crédit Coopératif, mais aussi de CoopFR qui porte le plaidoyer des coopératives, il avait pris les rênes d’ESS France en des temps moins faciles. Succédant le 1er janvier 2019 à Roger Belot, ancien PDG de la Maif qui avait porté avec Carole Delga la création d’ESS France, Jérôme Saddier a restructuré, pacifié et coordonné les instances représentatives de l’ESS, notamment en régions.
En deux mandats, il n’a eu de cesse d’assurer la représentation politique, d’accroître la visibilité, de promouvoir jusqu’à l’idée même d’une « République de l’ESS » en 2021, puis de défendre sans relâche l’unité de « LA » grande famille de l’économie sociale et solidaire, forcément unie à ses yeux. Avec lui, l’ESS, qui fut trop longtemps considérée comme chétive, s’est découverte un discours fédérateur, une vision d’avenir, une ambition assumée et des certitudes politiques plus fortes que jamais pour construire l’avenir.
De quoi sera fait demain ? C’est ensemble que nous écrirons la suite de l’histoire, répond aujourd’hui ESS France : l’ambition du dernier Congrès de Jérôme Saddier est, justement, de rédiger collectivement une feuille de route pour les 10 ans qui viennent, avant de passer le flambeau à son successeur. Pour cela, ESS France vient tout juste d’ouvrir une plateforme de contributions en ligne : « Imagin’Ère de l’ESS » ! Joli nom, n’est-il pas ? Allez-y, participez.
Cette plateforme de production collective vise à mobiliser toutes les parties prenantes de l’ESS pour penser les défis et les opportunités des dix prochaines années. Citoyens, salariés, dirigeants, élus, bénévoles… Chacune, chacun peut apporter sa vision des enjeux d’une nouvelle ère pour l’ESS : la sécurité alimentaire, la protection sociale, la petite enfance, l’éducation, l’accès aux ressources naturelles, la préservation de la biodiversité, la réhabilitation de l’impôt, l’intelligence artificielle, les biens et les services communs…
L’ESS est à un moment charnière. Face aux défis de la transition écologique, de la démocratie et de la cohésion sociale, le nouveau président d’ESS France portera demain de nouvelles ambitions communes pour aller vers une société plus juste, plus durable, plus solidaire : les nôtres.
Trois mois avant le Congrès, c’est court. N’attendez plus, participez à l’Imagin’Ère de l’ESS !