Confinés & Solidaires

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Fanny Bozonnet : « Ma Chance Moi Aussi craint un décrochage scolaire accru après le confinement »

Avec la fermeture des écoles le jeudi 12 mars, bien des associations ont dû cesser leurs activités. C’est le cas de Ma Chance Moi Aussi, une association située à Aix-Les-Bains et présente dans huit villes en région Auverge-Rhône-Alpes, qui accompagne les enfants de 6 à 14 ans sur la totalité de leur parcours vers l’âge adulte. Scolarité, santé, situation sociale, relations avec les parents… Le travail ne manque pas dans les quartiers difficiles. Le choc de la fermeture des écoles en a été d’autant plus rude.

« Nous avons d’abord dû fermer nos établissements qui accueillent les enfants après l’école« , explique Fanny Bozonnet, directrice générale de Ma Chance Moi Aussi. Aussitôt, les questions ont fusé : sur la fermeture de l’école, sur la poursuite de l’accompagnement, sur la durée de la séparation… A l’évidence, il fallait garder le lien. Puis est arrivé le confinement général, le 16 mars. Forcément, toutes les activités ont alors été mises entre parenthèses.

Whatsapp et goûters en visioconférence

Ma Chance Moi Aussi s’est donc ingéniée à maintenir le lien avec les enfants. Par téléphone d’abord. Avec un appel chaque semaine pour éviter l’isolement, recommander des jeux simples à faire à la maison, ou encore pour prolonger le suivi scolaire, comme toujours en appui à la démarche initiée par les enseignants.

Mais le numérique est plus au goût du jour… et au goût des enfants. Résultat : goûters partagés en visioconférence, groupes Messenger pour proposer des défis, ou application WhatsApp pour partager des photos… ont carrément la cote. Essentiel pour maintenir le lien social de façon ludique.

« Nous attendons impatiemment la réouverture des écoles le 11 mai« 

Sur le plan scolaire, toutefois, Fanny Bozonnet s’inquiète. « On ne vit pas le confinement de la même façon à la campagne qu’en ville dans les quartiers défavorisés », explique-t-elle. « Tout est compliqué quand on n’a pas accès au numérique, quand les parents ne peuvent pas aider à cause de la langue, quand les frères et soeurs sont là, quand l’appartement est exigu… Le confinement accroît les difficultés et nous craignons une accentuation des inégalités, un décrochage scolaire accru pour ceux pour qui c’est déjà compliqué« .

Du coup, la réouverture des écoles le 11 mai, Ma Chance Moi Aussi l’attend avec impatience. Plus le confinement sera long, plus le fossé sera important et « nous avons vraiment peur que le fossé se creuse, c’est le cri d’alerte que nous lançons aujourd’hui« , renchérit Fanny Bozonnet. La réouverture est donc non seulement très attendue, elle est aussi essentielle pour les quartiers populaires.

L’impact de la crise sera conséquent sur les donateurs privés

Enfin, la crise actuelle fait aussi planer une menace financière sur l’association. Ses recettes sont constituées à 90% de dons des entreprises mécènes, de fondations, ainsi que de généreux donateurs particuliers. Or, la crise sanitaire aura un impact économique conséquent sur les entreprises et leur générosité.

Ma Chance Moi Aussi s’interroge donc sur son avenir immédiat, songeant à adapter son accompagnement ou à interrompre certains développements, mais surtout à maintenir mobilisés ses précieux soutiens privés, grâce à l’activisme toujours débordant de son président fondateur André Payerne. L’association est également candidate à la prochaine promotion de la Fondation la France s’Engage. Et elle ne désespère pas d’obtenir un jour quelques subsides publics.

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