40 kilomètres de long, sur 10 kilomètres de large. C’est la distance entre Eurodisney et Saint-Germain en Laye, avec l’épaisseur de la capitale entre les deux. Ou la distance qui sépare Orly de Roissy, peu ou prou. C’est aussi la taille de la bande de Gaza. Où vivent 2 millions de personnes, dont 60% sous le seuil de pauvreté, enfermés dans une prison à ciel ouvert. Où l’ONU nous dit que 1 million de personnes vient d’être déplacé en l’espace d’une semaine et où menace une terrible catastrophe humanitaire.
4.000 morts de part et d’autre du mur de Gaza en dix jours. Et les experts militaires qui nous disent que le pire est devant nous, que rien n’a encore vraiment commencé, si ce n’est l’assassinat, le massacre, la boucherie innommable perpétrée dans les kibboutz israéliens par les terroristes du Hamas, surgis de la bande de Gaza ce triste jour du 7 octobre 2023. En attendant, tant de familles pleurent. Et tant de haine se répand, sur cette terre promise d’abord aux uns, puis aux autres, berceau de trois religions, mais tombeau de tant d’hommes, de femmes et d’espérances.
Alors j’ai cherché, j’ai lu, j’ai écouté, dans notre communauté de personnes solidaires, responsables, progressistes et humanistes… Pour savoir qui dit quoi. Qui pense quoi. Pour m’aider peut-être à trouver une réponse, une vérité qui bien sûr n’existe pas. Mais parce qu’un grand malheur enfante aussi de grands tabous, les mots que j’ai trouvés ces jours-ci ont une importance. Et j’ai envie aujourd’hui de partager avec vous quelques-uns de ceux en lesquels je me reconnais.
Philippe Zaouati, Nicolas Froissard, Joann Sfar
Ma première lecture fut celle de Philippe Zaouati, directeur général de Mirova, un investisseur responsable. Il dit combien, plus jeune, il a cru aux accords d’Oslo, à la promesse des accords de paix, à la poignée de main Rabin-Arafat. Je me reconnais tellement dans ces espoirs déçus.
Puis vient Nicolas Froissard, qui poste chaque jour sur LinkedIn des messages positifs et inspirants face à la pesanteur du monde. Nouveau directeur général de la Fresque du Climat depuis la rentrée, il reprend son fameux hashtag #DenonceTesHeroines pour nous dire que 1.500 femmes palestiniennes et israéliennes joignaient leurs forces à Jérusalem voilà dix jours, manifestant pour que les voix des femmes soient entendues afin de trouver un chemin vers la paix.
Je lis aussi la dernière interview de l’auteur de bande dessinée Joann Sfar à France Info, qui publie ces jours-ci le tome 12 du « Chat du rabbin » et pour qui « ça fait 30 ans que, par lâcheté, on a laissé raconter le Proche-Orient par des gens qui avaient un agenda politique ».
Un appel inter-ONG pour éviter une crise humanitaire
Je lis Gabriel Malek, président d’Alter Kapitae, adepte de la décroissance mais aussi du Pape, pour ses positions écologistes et sa « condamnation de l’extrême-droite comme du capitalisme ». Entre Israël et la Palestine, il se prononce pour « la solution à deux États, la position historique de la France » qu’il est temps de « réaffirmer sans faiblir ».
Mais voici que Sophie de Saint-Pern, chez Handicap International, relaie ce dimanche une déclaration inter-ONG internationales, co-signée par Médecins du Monde, Actions contre la Faim, Diakonia, Mercy Corps, Oxfam International, Plan International, Save the Children, War Child… Un appel vibrant pour « éviter une crise humanitaire sans précédent face à l’imminence d’une incursion terrestre israélienne dans la bande de Gaza ».
La diversité est une chance
Puis me revient en mémoire l’association Coexister, qui dans son nom-même porte le dessin d’un croissant (C), une étoile (X) et une croix (T). Elle invitait récemment les jeunes à un Week-end des Diversités au cœur de Paris, incluant actions solidaires, débats et visites de lieux de culte. Ce week-end-là devait durer trois jours, les 6, 7 (!) et 8 octobre 2023…
Depuis le 7 octobre, Coexister fait part de ses condoléances aux familles de toutes les victimes, redoute la guerre des images et la désinformation jusque dans nos téléphones, constate l’explosion de la violence verbale en France et appelle au respect de chacun. L’association rappelle aussi que la France est un des pays les plus diversifiés au monde.
Et que cette diversité est une chance, une richesse dans nos cheminements individuels et collectifs.