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Pauvreté et climat, le combat Perlimpinpin du gouvernement

Qui oserait dire que le gouvernement ne fait rien ? Dans la seule journée de lundi, voilà que nous ont été présentés un plan pauvreté ET un plan climat. Ou plus exactement un « Pacte des solidarités » et une « Feuille de route pour la planification écologique ». Deux pour le prix d’un. L’époque est aux rabais. En période d’inflation c’est une aubaine. 

Le social et l’écologie donc, au premier rang des priorités d’Emmanuel Macron. Voilà qui devrait satisfaire l’économie sociale et solidaire, tant ces deux sujet traversent tous les engagements des acteurs de la transition écologique et sociale. Mais à y regarder de plus près, le doute est entier. Car, de longue date maintenant, les actions ne suivent pas la communication. 

« Donc ce que vous proposez, comme d’habitude, c’est de la poudre de perlimpinpin », adressait Emmanuel Macron à Marine Le Pen, dans l’entre-deux tours de la présidentielle de 2017. La remarque mérite aujourd’hui de lui être retournée. Revenons légèrement en arrière, pour juger des paroles et des actes.

Nous avons eu le Grand débat national, au temps des gilets jaunes. Les cahiers de doléance des Français ont calmé le jeu. Ouf ! Ils sont aujourd’hui sûrement très bien rangés quelque part.

Nous avons eu la Convention Citoyenne pour le Climat. Avec ces 149 propositions citoyennes qui devaient, juré-craché, se traduire dans la loi. Mais 90% n’ont pas été retenues.

Le Conseil National de la Refondation ? Ah oui, déjà oublié. Plus mythique que lui, tu meurs.

Vendre l’essence à perte, annoncé ce week-end ? Aucune logique économique. Un tour de prestidigitation. Une décision sauve-qui-peut pour ne pas réveiller les gilets jaunes, qui dit tout de l’impuissance de l’Etat. Les Français n’y croient guère. Les pompistes n’en veulent pas. Seuls les plus grands réseaux de distribution en sortiront gagnants, en éreintant leurs concurrents. Pas les Français, victimes de l’inflation.

Alors comment ne pas comprendre le ras-le-bol des associations sur le plan pauvreté, présenté avec huit mois de retard sur le calendrier initial ? « Nous craignons un nouveau plan de gestion de la pauvreté et non pas de réduction de la pauvreté », indiquait à Libération, dès dimanche, Noam Léandri, du collectif Alerte, qui fédère 34 associations et fédérations de solidarité. 

Comment espérer éradiquer la misère quand 11 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, soit avec un revenu inférieur à 1.100€ par mois, relève Oxfam. L’étude sur “l’inclusion financière” de la Banque de France, publiée début septembre, ne rassurera personne. Elle pointe une nouvelle hausse de 6% du nombre de dossiers de surendettement sur un an. 

Et en même temps, comment croire en cette fameuse planification écologique, remise en selle par Elisabeth Borne ce lundi ? « Alerte disparition : nous avons perdu le Conseil de la Planification Écologique », raillait la semaine dernière le Réseau Action Climat. « Rejoindra-t-il le cimetière des bidules macroniens, ou débouchera-t-il sur une feuille de route solide permettant de cadrer sérieusement la transition écologique ? », interroge pour sa part Pascal Riché dans L’Obs. 

Il faut dire que l’ambition de réduire de 55% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 nécessite d’investir 30 milliards d’euros par an, ont calculé pour Bercy et Matignon les spécialistes du Secrétariat Général à la Planification Écologique. Mais où les trouver quand les caisses de l’État sont vides, à force d’avoir baissé les impôts, par dogmatisme, à marche forcée ?

En attendant, la pauvreté ça coûte combien ? Le « Pacte des solidarités » présenté lundi par Elisabeth Borne, qu’elle qualifie d’ « ambitieux », marque « une augmentation de 50% des crédits dédiés à la lutte contre la pauvreté par rapport à la stratégie précédente », a-t-elle assuré. 

Mais éclatée entre les prestations sociales, les bourses étudiantes, l’hébergement d’urgence, la précarité énergétique, le dédoublement des classes en zone prioritaire, le 100% santé pour les précaires et j’en passe, cette augmentation budgétaire est illisible. Et ressemble vraiment à de la poudre de Perlimpinpin.

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