Le paysage des tiers-lieux culturels se transforme rapidement en ce début 2024, avec la fermeture de deux espaces emblématiques, l’un à Marseille et l’autre à Angers. Après cinq années d’existence, le rideau est en effet tombé chez Coco Velten à Marseille fin décembre, tandis qu’à Angers, c’est le tiers-lieu culturel « Le 122 » qui fermera ses portes en mars 2024.
À Marseille, Coco Velten, un espace de 4 000 m² entre la gare Saint-Charles et la Porte-d’Aix, avait annoncé sur Instagram en octobre dernier sa fermeture attendue depuis quelques temps déjà. Ce tiers-lieu était géré par l’association Yes We Camp, le Groupe SOS et Plateau Urbain. Marseille Habitat, le bailleur de la Ville, va désormais réhabiliter les locaux, avant une réouverture prévue en 2025. Bien que les équipes aient préparé la transition, cette fermeture marque la fin d’une longue et forte aventure, qui a accueilli une quarantaine d’associations et de résidents durant cinq ans.
Un manque de soutien financier public
À Angers, l’histoire est plus triste car elle était moins attendue. L’association Paï Paï vient d’annoncer la fermeture de son tiers-lieu culturel « Le 122 », à partir de mars 2024, en raison d’un budget annuel qui n’a pas réussi à trouver l’équilibre. Son chiffre d’affaires annuel de 400.000 € aurait dû être supérieur de 50% pour atteindre l’équilibre financier. Malgré une fréquentation assidue, l’association ne pourra pas pérenniser son lieu culturel sans obtenir un minimum de 25% de financements publics ou privés chaque année.
Très active dans la sphère culturelle angevine, l’association Paï Paï avait inauguré le « Le 122 » en janvier 2020. Ce lieu, conçu comme une pépinière spécialisée dans les arts, a accompagné pendant quatre ans les artistes amateurs pour le développement de leurs projets. « Le 122 » était un lieu incontournable pour les Angevins, abordant des sujets de société avec créativité et offrant des ateliers culturels pour les enfants et les familles.
L’association Paï Paï dénonce le désengagement de la ville d’Angers à partir de 2024, soulignant le besoin critique de soutien pour les initiatives culturelles, éducatives et artistiques. L’impossibilité de réaliser les travaux de mise aux normes en raison d’un manque de soutien du propriétaire a également limité la capacité de l’association à générer des revenus.
Le débat récurrent sur la pérennité des tiers-lieux
La fermeture de ces deux espaces emblématiques, à Angers et Marseille, vient naturellement alimenter les discussions dans les tiers-lieux, relançant ce débat récurrent : les tiers-lieux doivent-ils rester éphémères pour libérer tout leur potentiel créatif, ou doivent-ils être pérennisés sur fonds publics au vu des services qu’ils rendent à la collectivité ?
Le débat ne sera jamais tranché, mais il soulève à juste titre des questions sur la nécessité de disposer d’espaces dédiés à l’éducation populaire et à la culture émergente sur tous nos territoires.
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