La crise sanitaire a convaincu le gouvernement du rôle essentiel des tiers-lieux sur tous les territoires où ils sont implantés, tant au plan économique qu’au plan social. Ils ont prouvé leur capacité de résilience et de solidarité, ils ont comblé le manque de lieux de sociabilisation pour accueillir et maintenir le lien social, enfin « ils ont beaucoup compté pendant la crise sanitaire grâce aux ‘makers‘ qui ont créé de nombreux masques, pousses-seringues, visières, respirateurs… », explique Adélaïde Gérard, chargée de mission à l’ANCT, dans cette interview à Mediatico.
L’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), chargée par le gouvernement de la politique de la ville dans les quartiers populaires et de l’aménagement des zones rurales, a pour mission d’accompagner les collectivités dans le développement de leurs projets de territoire : revitalisation territoriale, accès au numérique, transition écologique, soutien aux habitants des quartiers prioritaires… Autant d’axes de développement dans lesquels les tiers-lieux peuvent jouer un rôle prépondérant. Il s’agit donc de les soutenir financièrement !
« Aujourd’hui, le Gouvernement fait des tiers-lieux l’un des piliers de la relance », affirmait Jean Castex lors d’une visite officielle dans le Calvados, le vendredi 27 août 2021. Le Premier ministre annonçait alors un budget total de 130 millions d’euros – dont la moitié provient de France relance – pour développer les tiers lieux, acteurs centraux de la vie des territoires.
« Il est indispensable que les tiers lieux soient pérennes dans leur modèle économique »
« Le plan de soutien du gouvernement pour les tiers-lieux repose sur cinq dispositifs », indique Adélaïde Gérard : l’inclusion numérique, la formation professionnelle, l’accueil de services civiques, la mobilisation pour les réseaux et la création de 100 manufactures de proximité. Ces ‘manufactures de proximité’, terminologie nouvelle dans la bouche du Premier ministre l’été dernier, consistent en de nouveaux modèles de tiers lieux dédiés spécifiquement à la production, comme les ‘fablabs’. Il s’agit donc d’ateliers partagés, qui peuvent accueillir par exemple des artisans qui souhaiteraient mutualiser leurs outils, tels de gros équipements de menuiserie ou des machines coûteuses à commande numérique.
Déjà 20 premières manufactures de proximité ont été révélées le mois dernier par le gouvernement, suite à l’appel à manifestation d’intérêt lancé en octobre dernier pour ces « manufactures de proximité ». Les manufactures lauréates proviennent de onze régions de France et territoires d’Outre-mer. Neuf sont situées en zone rurale, six dans des petites et moyennes villes, et cinq en quartiers prioritaires de la ville. Enfin, une dizaine de filières d’activité y sont représentées : bois, métal, textile, fabrication numérique, métiers d’art, agroalimentaire, céramique, parfumerie. Tous les entrepreneurs lauréats bénéficieront d’accompagnements et de subventions pour leur développement.
« Les tiers lieux sont des démonstrateurs de relocalisation, d’employabilité, de sociabilité, de démocratie, de citoyenneté », se réjouit Adélaïde Gérard, « il est donc indispensable qu’ils soient pérennes dans leur modèle économique ». L’ANCT expérimente donc depuis de nombreux mois le dispositif « Fabrique des territoires » qui permet de comprendre pas à pas comment les services marchands des tiers-lieux financent leurs activités non-marchandes, ou encore comment ces tiers-lieux deviennent de nouveaux modèles face à la crise. Des expérimentations qui bénéficient pour le moment d’un appui politique et budgétaire, à suivre de près et sur le long terme.