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Fashion (Revolution) Week : bon anniversaire !

Bon anniversaire ! La Fédération de la Haute Couture et de la Mode a 150 ans. Haha, en 1868, elle s’appelait « Chambre Syndicale de la Couture, des Confectionneurs et des Tailleurs pour Dame ». C’est charmant ! C’est elle qui fait, et refait chaque année, de Paris la capitale mondiale de la mode. Avec ses créateurs, ses défilés, ses mannequins, sa presse internationale… et son poids économique de 150 milliards d’euros, selon les chiffres de l’Institut français de la mode qui dépend de la Fédération. C’est elle aussi qui orchestre le calendrier des défilés pour les trois collections : Homme, Femme et Haute Couture. Et cela, deux fois par an : pour la saison printemps-été, puis la saison automne-hiver. Puisque vous vous posiez la question… voilà donc pourquoi la Fashion Week revient six fois par an !

Bon anniversaire, encore ! Voilà six ans jour pour jour, le Rana Plaza faisait la Une de l’actualité. Oui, c’est un 24 avril que cet immeuble de Dacca, au Bangladesh, s’est effondré. Sérieusement fissuré, il abritait de multiples ateliers de confection textile. L’alerte avait été donnée, la veille encore. Mais que fait une ouvrière qui déclare ne pas vouloir travailler le lendemain, quand son contremaître menace de la licencier ? Le bilan sera très lourd : 1.135 morts, sur 3.500 ouvriers. Dans les gravats, des étiquettes de vêtement occidentales. Car les ateliers du Rana Plaza travaillaient pour Auchan, Carrefour, Camaïeu, Mango, Primark, Benetton… Le Bangladesh est le 2e exportateur de vêtements au monde, avec son droit du travail insignifiant, ses salaires inférieurs à 30 € par mois et une « fast fashion » mondiale qui exige des prix toujours plus bas.

Bon anniversaire, enfin ! La Fashion Revolution Week s’ouvre cette semaine, pour la 5e année consécutive. En 2014, 68 pays participaient à l’opération, en 2018 ils étaient 92 pays. Pour ne pas oublier les 1.135 victimes du Rana Plaza. Pour prendre le contre-pied des incessantes Fashion Weeks et de l’ultra-consommation textile. Pour appeler à une « slow fashion », à une mode durable, à plus de transparence, plus d’éthique, plus de responsabilité dans la mode, un secteur qui donne le ton à toute l’industrie textile mondiale. 

Et si les défilés Chanel délivraient des messages sur le dérèglement climatique, quand ils reconstituent la mer ou la forêt sous la nef du Grand Palais ? Et si les petites mains du textile étaient rémunérées à un prix juste, pour vivre une vie décente ? Et si vous, consommateurs, décidiez de vous prendre en photo cette semaine avec un vêtement dont l’étiquette est visible, pour participer à la campagne #WhoMadeMyClothes (« qui a fait mes vêtements ») qui interpelle les marques sur les réseaux sociaux ? Oui, « vous avez le pouvoir de changer la mode », affirme Fashion Revolution France. Et en attendant de changer le monde, participez à la Fashion Revolution Week aux Grands Voisins, et venez discuter avec Julia Faure, co-fondatrice de la marque Loom (lire ci-dessous) !

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