Pour Jérôme Saddier, l’heure est au bilan. Alors qu’il s’apprête à passer le flambeau de la présidence d’ESS France à son successeur Benoît Hamon lors du Congrès de l’ESS des 12 et 13 juin prochains, Jérôme Saddier est venu sur le plateau de Mediatico, dans notre émission ESS On Air, pour se livrer à un exercice à la fois rétrospectif et introspectif.
Au terme de ses deux mandats, il nous dit de quoi il est le plus fier, ce qui restera comme son meilleur souvenir, ou encore ce qu’il reste à construire pour fédérer les différentes familles actrices d’une économie très “politique”. Car, si ESS France est vue par le grand public comme l’organisme qui coordonne le Mois de l’ESS en novembre, elle porte aussi et surtout le plaidoyer politique national de l’ESS, auprès de l’ensemble des pouvoirs publics.
« Nous avons vécu un moment fort au moment du premier Congrès de l’ESS, en décembre 2021 », réagit-il tout d’abord. Voilà trois ans, en effet, le Congrès s’était terminé par l’adoption d’une déclaration d’engagement des entreprises de l’ESS, la première du genre.
La carte d’identité politique de l’ESS
« C’était important, parce qu’il nous manquait un texte politique, qui exprime les finalités et les motivations de l’économie sociale et solidaire », au-delà de sa définition juridique affirmée par la loi de 2014 dont nous célébrons les 10 ans cette année. Désormais, insiste Jérôme Saddier, « nous avons une carte d’identité politique adoptée à l’unanimité, et j’espère que chacun peut aujourd’hui s’en revendiquer ». Le deuxième Congrès de l’ESS est devant nous, il devrait fédérer au moins autant, en juin prochain.
Puis est venu le Forum de Niort, fin janvier 2024, dont la force a surpris les intervenants eux-mêmes lors de la table ronde – animée par Mediatico – qui réunissait pour la première fois les représentants de plusieurs familles de l’ESS. « La salle était comble, il s’est passé un truc qui a montré notre cohésion et c’est à cette occasion-là que j’ai dit pour la première fois que nous étions en fait une seule famille », se souvient Jérôme Saddier. Ainsi, au lieu de distinguer associations, coopératives, fondations, mutuelles ou entreprises de l’ESS par leurs seuls statuts juridiques, l’ESS se montrait ce jour-là unifiée par un seul et même discours.
« Cela faisait sens, c’était le produit de plusieurs mois de combats communs sur différents sujets, de meilleure connaissance réciproque, d’envie d’agir ensemble, de projeter l’ESS vers une vision de la société », poursuit-il. Et à l’aube des élections européennes, Jérôme Saddier de poursuivre : « Nous portions à ce moment-là une ambition politique, nous parlions des enjeux démocratiques qui sont devant nous : cela nous a beaucoup fédéré pendant ces quelques moments ».
« Je suis d’abord un unificateur et un conciliateur »
Fédérer, voilà qui restera sans doute comme le savoir-faire d’exception de Jérôme Saddier. Et sa fierté aussi : « Je peux être bagarreur, mais je suis d’abord un unificateur et un conciliateur », se dépeint-il. Même si, il le concède, « ce n’est pas toujours simple de trouver le point d’équilibre entre tout le monde sur des sujets d’actualité ». « Nos familles n’en font peut-être qu’une seule, mais néanmoins nos histoires sont différentes et parfois nos finalités aussi. Donc ma fierté, c’est d’avoir rassemblé tout le monde ».
Dans notre interview vidéo, il dit aussi quelle ministre a le plus permis à l’ESS d’avancer durant ses deux mandats. Spoiler alert : c’est Olivia Grégoire, et il explique pourquoi. Il revient aussi sur le projet de République de l’ESS porté par ESS France durant la dernière élection présidentielle, sur l’enjeu que représente l’échelon européen et international dans le développement de l’ESS, sans oublier de dire ce qu’il n’a pas eu le temps de faire à ESS France, sans présumer de ce qu’impulsera Benoît Hamon à sa suite.
Enfin, Jérôme Saddier n’oublie pas de remercier les 17 salariés d’ESS France – ils n’étaient que deux à son arrivée – car diriger ESS France est « d’abord un travail collectif et ce sont eux qui ont fait cette réussite ».
Et puis, si vous vous inquiétez de savoir ce que va devenir Jérôme Saddier, vous trouverez en fin d’émission une petite liste des différents mandats qu’il occupe encore dans l’économie sociale et solidaire. Nous le reverrons, c’est sûr. Mais pour l’heure, sa priorité va au Crédit Coopératif dont il est aussi président, seul mandat pour lequel il est rémunéré. Vous ne le saviez pas ? Présider ESS France est une mission bénévole.