Dernière ligne droite avant le 1er tour : j’avais prévu de vous parler des élections municipales… mais j’ai changé d’avis. Le coronavirus m’a rattrapé. Tant que l’inverse n’est pas vrai, me direz-vous, tout va bien. Ou presque. Car la crise que nous vivons est plus économique que sanitaire, rappelle mon confrère des Echos, Éric Le Boucher, et le coronavirus va tuer plus de PME que d’êtres humains. De vous à moi, un état des lieux s’impose. Car à coup sûr, la communauté des entrepreneurs sociaux n’y échappera pas.
Propagation du virus, mesures de confinement, restrictions de déplacements… Le triptyque est ravageur : la consommation ralentit, le transport mondial aussi. Résultat, le commerce international se contracte et les prix du pétrole s’effondrent, comme jamais depuis la première guerre du Golfe en 1991. Dans la foulée, les bourses sont au bord du krach en Asie, en Europe, aux États-Unis, signant la plus forte panique des investisseurs depuis la grande crise financière de 2008. Et alors ? Alors si vous vouliez lever des fonds pour développer votre activité d’entrepreneur social en 2020, vous allez vite comprendre que vos investisseurs sont en train de prendre une douche glaciale.
La crise économique naissante a été officialisée ce lundi par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Prenant l’exemple de l’annulation des commandes pour une entreprise du secteur de l’évènementiel, il anticipe un impact de « plusieurs dixièmes de points » pour la croissance française et décrète « la mobilisation générale ». Pas question de faire l’autruche dans le secteur de l’ESS : l’économie sociale et solidaire emploie 27% des personnels dans le secteur des arts et spectacles, 54% dans le sport et les loisirs et jusqu’à 61% dans l’action sociale. Souvent plus résilient par la force de son ancrage local, le secteur va cette fois subir lui aussi des reports d’évènements, des annulations de commandes ou de sérieux freins à l’investissement. L’enjeu crucial sera donc de maintenir l’emploi, mais aussi d’assurer la survie des entreprises de l’ESS les plus petites, donc les plus fragiles.
Le ministre a d’ailleurs appelé à la solidarité des grandes entreprises envers les plus petites, les invitant à décaler leurs commandes plutôt que de les annuler, ou les enjoignant à ne pas demander le remboursement des acomptes déjà versés aux petits prestataires. Les grands comptes joueront-ils le jeu, alors que certains paient déjà leurs factures à plus de 60 jours en dépit de la loi, sans être inquiétés pour autant ? Voilà qui reste à vérifier.
Mais Bercy a surtout annoncé une série de mesures pour soutenir les entreprises : dégrèvements d’impôts, report de charges Urssaf, garantie de Bpifrance sur tous les prêts de trésorerie, recours au chômage partiel dans un délai de 48h… « J’encourage [les entreprises] à se déclarer en activité partielle, a insisté Bruno Le Maire, les coûts seront à la charge de l’État et de l’Unedic ». Toutes les mesures de soutien annoncées par Bercy sont disponibles ici : https://www.economie.gouv.fr/coronavirus-soutien-entreprises. Elles s’appliquent aussi aux coopératives ou aux associations employeurs, bien entendu. Pour autant, n’oublions pas que les entrepreneurs chefs d’entreprise, eux, n’ont pas droit au chômage…
En attendant, saviez-vous que l’épidémie de coronavirus a déjà fait chuter la pollution de l’air en Chine et le niveau des émissions de CO2 de 25% ? Saviez-vous aussi que, depuis vingt ans, la seule année où les émissions de CO2 de la planète ont reculé était en 2008, année de la dernière grande crise financière ? Alors, pour en revenir aux élections municipales, si vous ne savez toujours pas pour qui voter dimanche, allez tout de même voir ce décryptage des programmes des candidats au regard des enjeux climatiques, effectué dans 10 villes françaises par le réseau Action Climat : c’est à lire ici.
Et vous, le coronavirus impacte-t-il votre activité ? Partagez vos témoignages dans le groupe Facebook de Mediatico !